C'est en ce vendredi 20 juin 2008 que nous partons pour Bordeaux-Paris dernière édition, Dany par le TGV de fin de matinée et moi un peu plus tôt.
J'arrive à Bordeaux à 12 heures 22 et la première chose que je fais, c'est de m'installer à la terrasse d'une brasserie où je déguste des moules frites en attendant Dany au train de 14 heures 40.
Sur le parvis de la gare, je sors mon vélo de sa housse pour procéder à son remontage et je dois bien être le seul car je n'en ai pas vu d'autres.
Dany arrive et me fait remarquer que j'ai pris un mémorable coup de soleil sur la bobine et le crâne.
Et me voilà de nouveau dans la peau de Speedy Homard !!! ceux qui ont fait la flèche La Rochelle comprendront, pour les autres, il faudra aller demander à Cri-Cri ! je vous rassure, j'avais le maillot assorti pour la circonstance !
Et nous rejoignons notre hôtel à Artigues avec notre encombrante housse de vélo sous le bras et le sac sur le dos.
En arrivant, au Fasthôtel, nous reconnaissons et saluons Chantal et Eric du club « le maillon libre » qui ont participé à la Monticyclo.
Les cyclos commencent à affluer et nous passons à table vers 20 heures. Beaucoup ont fait le Paris Brest Paris un an plus tôt, et nous faisons connaissance du cyclo (club de Vendôme) qui finit le PBP 2007 avec un bambou pour tenir sa tête (c'est dans le DVD).
Nous regagnons ensuite notre chambre et nous nous mettons au lit après le match de l'Euro vers minuit, le réveil est pour 4 heures du matin.
Nous n'avons pas fermé l'il de la nuit, l'effervescence du départ et surtout les motos qui font la course sur l'autoroute toute la nuit !
Et c'est justement quand nous avons envie de dormir que le réveil sonne !
Alors, c'est parti, nous rejoignons le départ à moins d'un kilomètre pour y prendre le petit déjeuner mais rien ne passe, il est sûrement trop tôt pour moi, ce n'est pas mon heure, j'arrive juste à manger un peu de céréales que j'ai emmenées, un croissant et à boire un café. Quant à Dany, il a l'air de se régaler !
Et nous voilà enfin, au contrôle des éclairages et sur la ligne de départ aux toutes premières places. Il fait encore nuit et le jour ne tardera pas à se lever.
L'ambiance y est sportive évidemment et détendue et les quolibets fusent de tous côtés !!!
Une demi-heure que nous attendons et le départ est enfin donné à 6 heures, une voiture ouvreuse que nous ne pouvons dépasser, nous emmène sur 10 premiers kilomètres à une allure PPP (Petit Plateau Pépère) et ensuite l'épreuve est bien lancée, mon compteur ne descend jamais en dessous de 40 km/h sur le plat et dans les quelques bosses, ça se monte à 31/32km/h, cardio à 160 Bpm au plus haut, bref, c'est l'euphorie !
A ce train, inutile de préciser que des bordures se font rapidement et que le peloton de 750 cyclos s'atomise très vite.
Au premier contrôle de Bois rond au km 105, ça fait trois heures que nous roulons ; nous ne sommes plus qu'une centaine dans le peloton de tête et la vitesse moyenne affiche un peu plus de 35 km/h.
Nous espérons repartir tous ensemble et bien non ! les premiers se disputent même, que dis-je s'agressent pour le pointage des cartes, du jamais vu ! et repartent aussitôt alors que nous faisons encore la queue, j'en profite aussi pour refaire le plein des bidons ; Dany et moi repartons 5 minutes après, mais seuls, le gros de la troupe est restée derrière.
Nous rattrapons quelques cyclos qui n'on pas tenu le rythme d'enfer des tous premiers, nous avalons des petites bosses qui se succèdent continuellement, personnellement, je me croyais dans Paris Brest Paris et ceux qui m'avaient dit que c'était plat n'en ont pas la même notion que moi.
Nous rattrapons un autre cyclo qui va faire un bout de route avec nous, le parcours est très bien fléché et il n' y a aucun risque de se perdre.
Nous faisons une halte de 25 minutes au km 185 un peu avant midi dans un troquet et c'est à cet instant que je ne trouve plus l'appétit, j'arrive difficilement à manger la moitié de mon sandwich. J'emmène le reste avec moi, et une terrible défaillance survient au km 200 environ, juste avant le contrôle de L'Isle Jourdain au km 231, Dany me voit dépérir, il n'en croit pas ses yeux, moi qui était encore en pleine forme sur Vimoutier au km 300, je m'accroche, j'arrive encore à avaler quelques gels Overstim's, je bois énormément mais j'en bave des ronds de chapeaux.
Au contrôle de l'Isle Jourdain, nous pointons, Dany mange de nouveau un sandwich et je n'arrive toujours pas à ingurgiter le moindre solide ! je suis à la ramasse totale !!
Je m'accroche toujours et encore mais je ne peux m'empêcher de penser que ça n'ira pas comme ça jusqu'au bout, il y aura bien un moment où tout va lâcher !! mais quand, bientôt ou encore un peu de sursis ; bien sûr, je ne dis rien de tout cela à Dany pour ne pas l'effrayer mais il me dira plus tard qu'il pensait que j'allais abandonner à voir ma tête ! quelquefois, il n'y a pas besoin de parler, le corps le fait pour vous !
Nous repartons, et au bout d'une dizaine de kilomètre, soudain, j'ai faim. Heureusement, un village à même pas un kilomètre, nous nous arrêtons dans un bar où j'ai de la chance, il y a encore du pain et du jambon avec du fromage, c'est royal !
Je me refais une petite santé et nous roulons de nouveau seuls en direction de Martizay, le prochain contrôle au km 313, de nouveau, je m'use lentement mais sûrement, Dany se charge d'imprimer un train soutenu pour arriver à la voiture d'assistance à Noyer sur Cher avant la nuit, je l'en remercie mais bon dieu que c'est dur.
Plus loin, je reconnais Lussac les châteaux où nous avions dormi lors de la flèche Montigny Bordeaux en 2006, à cet instant, après la pause pipi, nous accrochons un petit groupe d'une dizaine de cyclos, j'ai beaucoup de mal à tenir à ce train, parfois, 34/36 km/h mais je suis toujours là, je n'ai pas encore rendu l'âme et je ne lâche pas l'affaire.
Il est 17 heures 30 quand nous atteignons Martizay, nous mangeons un peu au ravito, moi,un sandwich, une banane, quelques pruneaux, une demi orange et je bois un litre d'eau, Dany fait de même. La moyenne est encore à 30 km/h et je comprends pourquoi, j'en bave ! et
il a fait chaud parfois on a frôlé les 30 degrés surtout du côté de Bordeaux. La forme semble revenir un peu et ça rassure.
Nous enfourchons une fois de plus nos machines seuls comme depuis le départ. Cette portion du parcours est faite de longues lignes droites avec des toboggans comme entre Condé sur Vegres et Nogent le roi. Je ne regarde même plus ces montées, j'ai envie de les oublier, tellement, elles font mal et puisent le peu d'énergie que j'ai retrouvée !
Nous rejoignons Patrick à Noyers sur Cher à 20 h 47, nous sommes heureux, nous allons pouvoir manger autre chose que des sandwichs!
Un arrêt de 45 minutes méritées, Patrick nous offre royalement, une assiette de pâtes avec de l'escalope de dinde, un vrai délice après tous ces gels et barres énergétiques ! un gâteau de riz s'il vous plaît en dessert suivi d'une banane et d'un café ! c'est un peu le Ducasse du cyclo !
Et bien, il faut déjà repartir, pour autant, je n'ai qu'une envie, c'est dormir ! bien normal, après 384 kms sous la chaleur et à la ramasse !
Bref, nous continuons jusqu'à Romorantin où nous grignotons. Il est 22 heures 50 et nous avons déjà fait 418 km, nous sommes dans les temps selon Dany pour une arrivée demain matin. Nous prenons tous un café, nous nous changeons et nous définissons avec Patrick, un arrêt tous les 40 kms jusqu'au prochain contrôle de Autruy sur Juine (140 kms !).
Nous repartons vers 23 h 30, la nuit est tombée, un peu de fraîcheur est la bienvenue.
L'allure est soutenue pour la nuit entre 27.5 et 31 km /h, je ne rêve que d'une seule chose,
du prochain arrêt pour pouvoir m'alimenter de nouveau, j'ai l'impression que mon dernier repas a été dépensé avant d'avoir été pris !! drôles de sensations.
En attendant, mon ami le pain d'épice ne me quittera pas jusqu'à l'arrivée !
Nous faisons un pique-nique nocturne en plein Nouans le Fuzelier où nous voyons, pour la première fois, des cyclos nous rattraper. Nous reprenons volontiers des pâtes, un café, que ça fait du bien mais ça suffit de moins en moins !
Prochaine étape jusqu'à Tigy en bordure de Loire non loin de Châteauneuf sur Loire à 25 km à l'Est d'Orléans. Le même repas et c'est reparti.
Nous rattrapons les cyclos qui nous avaient doublés et font aussi une pause repas.
Sur la route nous apercevons un cyclo sans lumière et nous revenons sur lui comme un avion, il s'accroche et sa voiture suiveuse nous éclaire la route, à ce moment, nous pensons que s'il y a un contrôle inopiné, nous risquons la disqualification, Dany lui fait remarquer mais apparemment, il nous fait savoir qu'il n'a plus de lumière, qu'il l'a perdu avant le départ et que la voiture d'assistance fait office d'éclairage, bien voyons !
Nous reprenons un ultime repas à Neuville aux bois, et là, je ferme les yeux, c'est la première fois que ça m'arrive, Dany me dit que ce n'est pas le moment de dormir, il a raison, mais je n'ai encore plus d'énergie et il faut repartir.
Le jour pointe et ça fait du bien, et juste avant d'arriver à Autruy sur Juine, nous sentons quelques gouttes de pluies, la cata ! bref, nous pointons à 5 h 40, nous prenons un petit déjeuner avec Patrick qui commence aussi à fatiguer, faire l'assistance la nuit est aussi usant surtout à ces vitesses.
Nous repartons, la route est détrempée mais qu'importe, ça sent bon l'écurie, et je n'aurai jamais parié 20 heures plus tôt un kopeck que j'arriverai si près du but en ayant une chance de finir !
Nous escaladons la côte de l'escargot à la vitesse du mollusque quand peu avant, lors de la crevaison de Dany, deux cyclos nous rattrapent, ils ont pris le départ de 14 heures et nous ont repris les 8 heures d'avance ! pour finalement arriver 2 minutes devant nous !
Ca y est, il est 8 H50, c'est fini et nous sommes heureux d'en avoir terminé, je n'ai éprouvé que peu de plaisir, nous avons quasiment roulés seuls tout au long du parcours et ma sévère défaillance du départ m'a en grande partie gâché ce périple mais nous avons porté haut les couleurs du VCMB, le contrat est rempli en un temps honorable 26 heures 50, une 82é place sur 562 dans la catégorie 35 heures, et une 227é place au général sur 1162 à avoir rallié l'arrivée et 278 abandons.
Bertrand, Dany et Patrick.